Les fonds propres
Parmi les indicateurs indissociables de la vie financière d’une entreprise, les fonds propres permettent de se faire une idée quant à son état de santé. Ils pourront ainsi aider investisseurs et banquiers à décider de vous faire confiance, mais indiquent avant tout au gérant si sa stratégie pour dégager des profits est efficace. Retour sur les tenants et aboutissants de ce sextant entrepreneurial.
Comprendre la notion de fonds propres
Le concept de fonds propres, pour l’appréhender au mieux, peut être défini comme le restant à distribuer aux actionnaires une fois tous les actifs d’une société vendus et toutes les dettes remboursées : il s’agit donc de sa valeur en cash à un instant T.
Concrètement, les fonds propres appartiennent aux actionnaires de l’entreprise et constituent une richesse par opposition aux dettes contractées vis-à-vis des fournisseurs ou des banques.
Une donnée comptable
La formule utilisée pour calculer les fonds propres est la suivante :
Fonds propres = capital social + réserves + report à nouveau + bénéfice réalisé
Pour détailler la formule, les fonds propres sont ainsi constitués des capitaux apportés par les fondateurs au moment de la création, ainsi que des capitaux générés au fil du temps, qu’ils proviennent de l’activité ou de levées de fonds non dépensés par la suite.
On en soustrait le report à nouveau et le déficit éventuel de l’exercice pour obtenir une vision globale de l’actif réel de l’entreprise.
Comptablement parlant, il s’agira de la différence entre les actifs et les dettes.
Ou encore l’ensemble des sommes figurant dans les comptes 101 000 à 145 000 de la société.
Inscrits au passif du bilan de l’entreprise, on les retrouve également sur la liasse fiscale n°2051.
Les capitaux propres
L’amalgame est souvent fait, entre les fonds propres et les capitaux propres, qui n’est pas tout à fait exact puisqu’il faut ajouter à ces derniers les titres participatifs, les avances conditionnées et les droits au concédant pour obtenir les fonds propres.
Le résultat est néanmoins proche pour la majeure partie des entreprises.
A quoi servent les fonds propres
Attention tout d’abord, il s’agit d’une estimation purement comptable qu’il faut bien différencier de la valeur réelle de l’entreprise, que l’on souhaite connaître lors d’un rachat par exemple.
Nombre d’éléments ne sont pas pris en compte, qui accroissent la valeur marchande d’une société : le fichier client, la notoriété, etc.
Un filet de sécurité
Dès le départ, les fonds propres permettent de financer le lancement de l’activité, qui bien souvent ne génère pas de profits immédiats.
Ils assurent l’entrepreneur de pouvoir lancer sa communication et la commercialisation de ses produits sans subir une pression financière de tous les instants.
Notamment, ils permettront l’achat des matières premières et outils indispensables à la réalisation des premières commandes.
Au cours de la vie de l’entreprise, les fonds propres pourront par ailleurs être utilisés en cas de difficultés passagères, pour rembourser les dettes sans faire appel à un emprunt bancaire qui pénaliserait encore davantage l’équilibre financier de l’entreprise.
Des fonds propres élevés réduisent ainsi le risque de faillite.
Un outil pour gagner la confiance des créanciers
Des fonds propres importants indiquent une solvabilité permettant de financer des investissements.
La capacité de remboursement est plus importante, et les créanciers seront davantage enclins à prêter de l’argent.
Par ailleurs, les analystes se servent des capitaux propres comme d’un indicateur de la santé de l’entreprise.
En effet, l’écart entre les fonds propres et la valeur réelle de l’entreprise (mesurable notamment si elle est cotée en bourse) est appelé « survaleur ».
Plus la survaleur est importante, plus cela démontre une confiance des financiers dans le fait que l’entreprise réalisera à l’avenir des bénéfices importants.
Des moyens pour rétribuer ses actionnaires
Enfin, les fonds propres vont permettre de distribuer des dividendes en fin d’exercice.
Ils diminueront d’autant la trésorerie disponible. Attention, seules les sociétés dont les bénéfices sont soumis à l’impôt sur les sociétés sont en droit de reverser des dividendes.
Trois conditions sont à remplir :
– être bénéficiaire ou disposer de réserves de bénéfices non distribués,
– disposer de trésorerie disponible,
– avoir un capital social entièrement versé.
La décision de verser des dividendes est prise par les associés et non par le gérant seul, sauf bien sûr s’il est l’unique associé.
Les mouvements des capitaux propres
Développer le montant de ses fonds propres est un objectif en soi, pour les perspectives que cela ouvre à l’entrepreneur.
Il arrive également que leur montant diminue comme nous allons le voir.
Comment augmenter ses fonds propres ?
Très simplement, il existe deux manières d’y parvenir :
– avoir un résultat positif en fin d’exercice, qui viendra augmenter d’autant les fonds propres grâce à la trésorerie dégagée ;
– augmenter le capital social, via de nouvelles actions achetées par des actionnaires, ou en y intégrant les profits mis en réserve auparavant.
Le montant idéal de fonds propres à atteindre pour une société sera déterminé par sa stratégie de développement : ils garantissent une capacité de financer de nouveaux investissements par la trésorerie interne et améliorent la capacité d’endettement pour rassurer les partenaires externes.
Une diminution possible mais à contrôler
Les fonds propres peuvent décroître, si l’entreprise distribue des dividendes comme vu précédemment, mais également en cas de réduction de capital.
Cette dernière peut répondre à différents impératifs, pas obligatoirement motivés par des pertes.
Il sera alors nécessaire de réduire la valeur des titres, de réduire le nombre de titres ou de faire racheter des titres par la société.
Cela peut par exemple permettre la sortie d’un actionnaire sans nécessité d’en faire entrer un autre au capital.
Notons que dans un cas extrême, les fonds propres peuvent devenir négatifs, notamment en cas de déficits successifs sur plusieurs exercices.
Bien qu’il soit conseillé de ne jamais disposer de fonds propres inférieurs à la moitié du capital social, il n’est pas toujours possible de conserver ce niveau de sécurité.
En cas de diminution jusqu’à un tel niveau, le Code de Commerce invite à son article L. 223-42, à prendre des mesures de sauvegarde afin d’éviter la faillite : convoquer une assemblée générale afin de décider de la liquidation immédiate ou d’un plan d’austérité visant à reconstituer un niveau correct de fonds propres grâce à des bénéfices.
Les fonds propres constituent un élément à prendre en compte dès la création de l’entreprise : le business plan servira à déterminer quel montant sera nécessaire à la réussite du lancement de l’activité.
Veillez à le maintenir ensuite à un niveau cohérent avec l’évolution de vos objectifs, sans oublier de constituer une trésorerie solide permettant d’affronter les tempêtes de la vie économique d’une entreprise !